Conventions mairie/@rrobe

La municipalité a souhaité formaliser avec l’association @rrobe les droits et les devoirs de chacune des parties en matière d’accès des saint-germinois à la culture informatique et plus particulièrement à la culture de l’informatique en réseau, à la société de l’information ainsi qu’aux outils et aux méthodes des communautés virtuelles.

Cet article présente les deux conventions qui ont été votées lors du Conseil Municipal du 25 septembre 2003.

La demande sociale en termes d’initiatives locales d’accès aux technologies de la communication et de l’information est une constante relevée par nombre d’études depuis plusieurs années et encore récemment confirmée. Cap Gemini Ernst & Young et Taylor Nelson Sofres relèvent cette demande dans la deuxième édition de leur étude annuelle, récemment publiée. On y constate que non seulement les populations sont demandeuses du développement de ce qu’il est maintenant convenu d’appeler la e-administration mais encore que "cela suppose toutefois d’élargir encore l’accès à Internet notamment par le développement de centres d’accès gratuits" (Innovation et Administration, n° 45, 15 septembre 2003).

Dès le début de l’année 2002 la Mairie de Saint-Germain a lancé une réflexion sur ce sujet. Bien sûr, une commune de 2.850 habitants n’a pas les moyens d’une politique ambitieuse comme celle que peuvent mener Issy-les-Moulineaux ou la Communauté de Communes de Parthenay, par exemple. Toutes les communautés de communes n’ont pas la même ouverture d’esprit ou la même ampleur de vues, cela ressort très nettement chez nous. Nous faisons donc avec les moyens modestes que sont les nôtres en essayant de transformer en avantages ce qui, a priori, apparaissait comme des freins, des obstacles ou des facteurs pénalisants.

Transformer la rareté en abondance

Que nous manque-t-il ? Avant tout de l’argent, du personnel qualifié, des locaux adaptés, du matériel récent et des animateurs. Pour ce dernier point, il n’y a plus guère d’espoir d’offrir un emploi valorisant à un jeune passionné d’informatique, les emplois-jeunes ont été supprimés par le gouvernement Raffarin au moment même où les impôts des plus riches ont été diminués.

Et nous ne pouvons pas compter sur les seules finances communales pour nous permettre de mettre à disposition des habitants des animateurs spécialisés capables d’ouvrir un espace public numérique toute la semaine, le soir et les week-ends.

J’ai donc décidé de proposer au Conseil Municipal une politique volontariste d’équipement de la mairie, d’équipement de l’école et d’équipement de la commune basée sur un pari de confiance : les saint-germinois sont des adultes responsables capables de retrousser les manches pour réaliser des objectifs clairs, ambitieux et soutenus par l’équipe municipale.

Cette politique mise en place depuis avril 2002 a permis de passer avec succès plusieurs étapes. D’abord l’informatisation et la mise en réseau de la Mairie avec une utilisation banalisée de l’e-mail, d’Internet, des listes de discussion et des espaces de travail collaboratif par les élus et par le personnel communal. Ensuite la mise en place d’un début de réseau informatique à l’école, sur la base de logiciels libres et autour d’un serveur coopératif, AbulEdu. Enfin, un espace public autogéré en même temps que l’installation à l’école d’un vrai réseau permettant d’équiper toutes les classes avec cinq ordinateurs : 1 poste Windows récent, 4 terminaux X connectés au serveur AbulEdu, un visioprojecteur, des imprimantes, des scanners et des webcams.

Faire ensemble, construire en commun, échanger et partager

D’emblée une trentaine de saint-germinois se sont intéressés aux projets. L’association @rrobe est le fruit de leur organisation lors de l’Assemblée Générale constitutive du 11 mars 2003 qui a regroupé 24 participants.

Si la municipalité a réalisé les dossiers administratifs de demande de subventions (subvention du Conseil Régional et DGE - dotation globale d’équipement de l’Etat), ce sont bien les membres de l’association @rrobe et les membres de l’association des parents d’élèves qui ont réalisé l’ensemble du travail matériel et du travail d’organisation, partiellement décrit dans l’article Ils l’ont fait.... Ce travail a permis d’équiper entièrement l’espace public (10 postes en réseau autour d’un serveur AbulEdu) ainsi que les huit classes de l’école élémentaire (1 serveur AbulEdu, 3 à 5 postes par classe, l’architecture et le câblage de l’ensemble du réseau informatique). Ce travail a mobilisé les volontaires depuis début août jusqu’à fin septembre. Il reste maintenant à former les instituteurs aux outils qui sont ainsi mis à leur disposition et cela se fera selon les mêmes méthodes, pendant le temps libre des uns et des autres.

Depuis début septembre l’espace public fonctionne, offrant déjà 12 heures d’ouverture hebdomadaire et déjà aussi le besoin de régler les premiers "conflits d’usage" entre le groupe d’initiation à Linux et d’administration du serveur et le groupe d’adolescents qui vient faire des jeux en réseau. Les adolescents viendront désormais un soir spécifique de la semaine ainsi que le dimanche matin, juste après l’atelier d’initiation au traitement de texte.

S’organiser pour le XXIe siècle

Les formes d’organisation pour l’utilisation de l’espace public doivent être des formes qui profitent des moyens de l’informatique en réseau et qui utilisent les outils ainsi mis à disposition sans égards pour les archaïsmes qui fondent les associations 1901. En effet, la loi 1901, vieille aujourd’hui de 102 ans, rien que ça, correspond aux besoins d’uns société où il n’existait ni la télévision, ni la radio, ni même le téléphone qui permet à deux personnes d’échanger un avis, encore moins à Internet qui permet à des communautés virtuelles d’exercer une souverainté d’autant plus démocratique que l’ensemble de leurs membres peuvent, en toutes circonstances, être associés à toutes les décisions en disposant en permanence de l’ensemble des éléments de réflexion. En 1901 il n’y avait que deux moyens d’échanger entre deux personnes : la rencontre et le télégramme ou la lettre. Il n’y avait qu’un seul moyen de mener un débat collectif : en déplaçant tous les membres au même endroit et au même moment.

La convention proposée au Conseil Municipal du 25 septembre 2003, débattue à la fois avec les membres du bureau de l’association @rrobe mais aussi de manière très élargie avec l’ensemble des adhérents et non-adhérents présents, prévoit que l’association doit laisser toute lattitude à toutes les nouvelles formes d’organisation qui peuvent ressortir de l’activité elle-même et des outils informatiques qu’elle utilise. C’est pourquoi la convention d’objectifs précise "Le domaine de l’informatique et les formes d’organisation qu’elle permet sont nouveaux et largement à explorer. De ce fait, les bénéficiaires veilleront à ce que la plus grande liberté d’usage, d’expérimentation, de projets ou de constitution de groupes thématiques soit offerte à tous les utilisateurs. Lorsque la formule associative semblera présenter des blocages ou freiner les initiatives plutôt que les favoriser, il sera privilégie de favoriser la mise en place de groupes projet dotés de la plus grande autonomie, comme il en existe déjà autour de la production de logiciels libres".

Cette proposition dans la convention a pour objet de "légaliser" par avance les formes non traditionnelles d’organisation qui peuvent se faire jour. Nous entendons par "légaliser" le fait que le pouvoir local, quelle que soit son évolution, ne puisse pas se prévaloir d’une non-orthodoxie de fonctionnement de la structure pour lui refuser des moyens ou remettre en cause son existence parce qu’on ne construit pas l’avenir en restant arc-bouté sur les formes d’organisation et de fonctionnement de nos arrière grands-parents.

A l’inverse, en établissant avec l’association de tels principes, nous souhaitons garantir à ceux qui vivent déjà, ou sont susceptibles de
vivre, les nouvelles formes d’organisation qui émergent de la société en réseaux, qu’ils disposeront de la marge de manoeuvre nécessaire au sein du groupe et que les structures considérées officielles par les traditions, les lois et les règlements ne pèseront pas (trop) lourd comme freins ou censeurs.

A partir de là, que vive @rrobe.